samedi 19 mars 2016

N° 45 - PASSAGE EN EUROPE


"âne..au...mali ?"
Bonjour à toutes et à tous, depuis l’Italie où je me trouve en ce moment :
-          Pour travailler avec la CIJOC : faire le bilan des 8 premiers pays visités, et préparer la prochaine tournée en Afrique de l’Est.
-          Pour prendre un peu de repos, et visiter Rome avec des amies vendéennes
-          Pour me remettre –entre autres- de « mon aventure Tchadienne » (voir ci-dessous) après le passage en Centre Afrique  

Photo-souvenir avec les frères capucins au Bénin      
Amélie devant un étalage de robes au Congo: l'embarras du choix!
Visite en République Centre Africaine :

= première impression (que j’avais eue déjà en faisant une escale technique entre Douala et Brazza) : c’est la « pagaille de l’aéroport » : plein de gens marchent autour des pistes d’atterrissage…et au bout de la piste, touchant les avions en stationnement, un immense camp de réfugiés. Ils sont venus là dès le début de la crise, pour être près de la Force Française (dite « Sangaris ») qui est stationnée près de l’aéroport ! On a l’impression d’atterrir dans un camp de réfugiés.
atterrissage à Bangi à côté du camp de réfugiés
les gens se promènent près de l'avion en plein décollage
= le jour de mon arrivée (le 20/2) c’est aussi le jour de la proclamation des résultats des présidentielles : Tout le monde a peur de la réaction du « camp du perdant ». Mais tout s’est bien passé, dans le calme ! Les gens disent que « depuis la visite du Pape François, à la fin novembre, les violences ont beaucoup diminué, et que le calme est en train de revenir ! »…. Si c’est cela, le remède, le Pape devrait faire plus de voyages !
souvenir du passage du pape François
affiche montrant les antagonistes (Séléka et Anti-balakas) brûlants leurs armes
= Grâce à des visites diverses dans des paroisses, j’ai pu voir de près, la situation des réfugiés (cf ci-dessous). J’ai été témoin aussi de l’action formidable que mènent les Salésiens qui ont une école professionnelle de 400 élèves, et qui accueillent en plus (en cours accéléré)  plus de 500 autres jeunes de 18 à 25 ans, qui sont des anciens « anti-Balaka », des jeunes qui ont fait partie de ces groupes armés incontrôlés, érigés en groupe d’auto-défense, et qui semaient aussi la terreur dans la ville. Aujourd’hui ils se remettent doucement à la vie normale. Certains expriment l’envie d’apprendre vraiment un métier.
cathédrale de Bangui: "beaucoup de 4X4 à la messe!"
= du Côté de la JOC : on le savait…il n’y a plus rien, sauf la présence d’un aumônier nommé ! Il n’y avait pas grand-chose depuis plusieurs années, mais la guerre civile n’a rien arrangé ! J’ai passé ma semaine à nouer quelques contacts, à informer en utilisant une radio locale et à préparer une rencontre de sensibilisation. Espérons qu’il y aura des suites !
au centre Jean XXIII, les réfugiés occupent la cour....
......et aussi la chapelle.
HISTOIRE VECUE : Mercredi 24 février : Je suis invité à aller saluer le bureau national des « Aïta Kwé » (ce qui veut dire : «on est tous frères et sœurs ») : c’est l’équivalent du mouvement des enfants (A.C.E. en France, ou « amis de Kisito » au Mali). La rencontre a lieu au centre Jean XXIII, là où sont tous les bureaux des mouvements, les services de la pastorale sociale, avec un amphi, une chapelle et une grande cour…. Quelle n’est pas ma surprise de voir que j’arrive dans un véritable camp de réfugiés, installés là, sous des tentes de l’UNHCR, et dans les locaux de l’église et de la paroisse avoisinante. Ils sont une foule…. On me dit qu’au moment de la crise, ils ont été entre 15 et 20 000 entassés, là. Les différentes églises de Bangui en auraient accueilli dans leurs locaux jusqu’à 120 000 ! Aujourd’hui au centre St Jean XXIII,  ils ne sont « que » 4 ou 5 000…on ne sait pas trop ! Une foule d’enfants en bas âge, beaucoup de femmes et de personnes âgées…. Et tout le monde vit là, (cuisine, lessive, toilette, vaisselle…) dans des espaces réduits et dans une grande promiscuité, sans savoir de quoi sera fait demain. Ce que je retiens, pour garder un regard positif, c’est que le mouvement des enfants n’a pas arrêté de vivre pendant ces mois de conflits…. Et j’ai pu lire de beaux témoignages montrant comment les enfants ont agi pour sortir d’autres enfants du cycle de la violence ou de la délinquance. Bravo les enfants.
poême des enfants "Aïta Kwé"
-          Le Vendredi 26, même type de rencontre dans l’immense terrain des Salésiens. Là, le responsable m’explique qu’ils ont été jusqu’à 40 000 personnes au plus fort de la crise, ils ont même installé une église Baptiste (sous bâche). Aujourd’hui la plupart ont rejoint leurs quartiers et leurs maisons, mais il reste encore « l’école des bâches » qui accueille encore, environ 1 000 enfants non-scolarisés (certains viennent aussi du quartier).
l'école des bâches: juste une poutre en bois pour s'asseoir !
-          TOUT CELA ME PROUVE  (ce que vous savez aussi, d’ailleurs !)  QUE LES PRINCIPAUX EFFORTS POUR ACCUEILLIR LES MIGRANTS SE FONT D’ABORD DANS LES PAYS DU SUD …..  et que « l’Europe et la France sont loin d’accueillir toute la misère du monde » !
tout un programme en Afrique !

LU DANS LA PRESSE ……FRANCAISE ! (pour une fois !)
Un peu plus haut sur la carte, à Kabo, l’État centrafricain est là aussi absent. Autour de l’église, que les deux prêtres centrafricains ont quittée il y a deux ans pour l’évêché de Bossangoa, on trouve le camp de Solidarités International, celui de Médecins sans frontières (MSF), qui constitue l’unique hôpital de la région, et la base de l’Office international des migrations (OIM), installé dans la maison paroissiale.
À tour de rôle, dix catéchistes assurent l’organisation de la célébration du dimanche qui rassemble plus de 600 personnes. « L’Église appartient aux chrétiens, pas aux seuls prêtres », souligne Solange, l’une des catéchistes, par ailleurs salariée de Solidarités International. « Pour les hosties consacrées, nous les faisons venir de Kaga-Bandoro et nous les payons. » Moyennant quoi, la célébration est priante, accompagnée par une chorale impeccable qui a répété la veille.
Pour la visite du pape à Bangui, le 29 novembre 2015, la paroisse de Kabo avait délégué quatre personnes. « Quand un père écoute les cris de ses enfants et vient fouler leur terre, il faut être là. Cela nous a pris sept journées en tout pour aller, assister et revenir. Le président du conseil pastoral, Guy-Barthélemy, a raconté ensuite la visite du pape à la célébration du dimanche. Sans micro, puisqu’on nous l’a volé au début des événements », explique Solange.
En Centrafrique, les ONG s’affairent en essayant de pallier les manques, de panser les blessures de la guerre, de calmer les haines. Et pourtant, à Bangui, certains s’impatientent. Un haut responsable religieux regrette que « le pays soit sous tutelle ». Sur le travail des ONG, il reflète un sentiment souvent partagé par la population au vu des 4×4 des organisations étrangères qui sillonnent la capitale : « Quand on voit tout ce que reçoivent ces ONG et ce qui nous revient au final, on peut se poser des questions. Les gens ont hâte de les voir repartir. »
 LA CROIX – L’EVENEMENT  Pierre Cochez  1° Mars 2016

Y a pas de risque: les œufs sont durs !
atterrissage à N’Djamena
Visite au Tchad :

Cette visite a été « hors norme ». Tout s’est très mal passé, à cause d’un visa que je n’ai pas réussi à obtenir, ni à Bangui (parce que le consulat du Tchad est fermé depuis 2 ans !) ni par internet….  Mais comme le site des voyageurs de l’ambassade du Tchad précise bien « que si le voyageur arrive d’un pays où il n’y a pas d’ambassade –notamment en Afrique-, il peut obtenir le visa en arrivant à l’aéroport avec une dérogation particulière. »  Vu ma situation, j’ai informé la JOC du Tchad pour qu’ils prennent les mesures nécessaires….ce qui n’a pas été fait… conclusion : une suite de problèmes du début jusqu’à la fin de mon séjour, avec les autorités policières, si bien que je n’ai pas pu remplir convenablement ma mission pour la JOC. 
une des rares photos de la JOC du Tchad !
une "mouche maçonne" (ou quelqu'un d'autre de sa famille) en plein travail, sous une ampoule !
l'enseigne de l'école catholique des Frères de La Salle, écrite en arabe !
LE FILM DES EVENEMENTS EN RESUME :

-          Lundi 29 février : arrivée à N’Djamena : on me prend mon passeport et on me remet un sauf-conduit de 24 heures
-          Mardi 1 mars: tentative d’expulsion….ratée, car l’avion décolle avant que je n’arrive à l’aéroport
-          Mercredi 2 mars : journée de travail avec la JOC, en croyant que la situation a été réglée grâce à l’intervention de l’ambassade de France
-          Jeudi 3 mars : expulsion du Tchad, par la force… car je refuse de partir sans mes bagages ! et on m’envoie au Togo (où se trouve le siège de la compagnie d’aviation qui a permis que je voyage sans visa !). Au Togo, on me refuse, car je n’ai pas de visa (non plus !) et on me renvoie ….. au Tchad !!!  10 heures d’avion pour cet aller-retour avec escale à Yaoundé (à l’aller) et à Abuja (au retour) ! Journée éprouvante !
-          Du 4 au 7 mars : je suis consigné dans une chambre d’hôtel, sous la responsabilité de la compagnie d’aviation (et à ses frais !) et sous la surveillance discrète de policiers. Je peux quand même accueillir des responsables JOC pour faire quelques « petits bouts de formation » !
-          Le 7 mars  au Matin, je quitte le Tchad, sur un vol d’Air Maroc, en direction de Rome !
Dessin découvert sur une revue, dans un avion: de quoi vous mettre en confiance !

LA MORALE QUE JE RETIRE DE CETTE AFFREUSE MESAVENTURE : Je me rends compte –comme vous- que les frontières deviennent de plus en plus compliquées à franchir. Pourtant une frontière devrait être un lieu de rencontres et d’échanges !
Sûrement que les politiques Européennes de ces 20-30 dernières années ont amené les pays du Sud (Afrique entre autres) à adopter ces mêmes mauvaises habitudes. Beaucoup d’Africains sont rejetés aussi d’un pays à l’autre et sont mis sur des chemins de galère, d’incertitude et parfois de mort.
Autant dire que l’Evangile a encore toute sa pertinence dans ce monde,
-          pour montrer qu’un autre chemin est possible dans la Galilée des nations.
-          pour donner le sens de l’ouverture aux autres, de la solidarité par delà toutes les frontières (géographiques, politiques, intellectuelles, religieuses…)
-          pour s’accueillir dans la différence, en dressant des ponts, et en supprimant des barbelés !


Dieu est généreux: multi services ! 

LU DANS LA PRESSE MALIENNE


L’Union des Associations et des Coordinations d’Associations pour le Développement et la Défense des Droits des Démunis (UACDDDD) a organisé une grande marche, le Mercredi 09 Mars 2016 à Bamako, afin de dénoncer les accaparements des terres dont ses membres sont victimes. L’UACDDD demande au président de la République Ibrahim Boubacar Keita, aux députés et aux juges de traduire devant les juridictions les auteurs qui fouleront au pied les droits des pauvres en les dessaisissant de leur terre. Les marcheurs ont remis aux honorables députés un livre vert contenant toutes les recommandations auxquelles ils aspirent pour que les pauvres et démunis puissent jouir de leur plein droit dans leur pays.
Partie de la place de la liberté, la marche des « soldats défenseurs des droits des pauvres » qui a pris fin devant le monument de l’indépendance a enregistré la participation d’une centaine d’associations et de collectifs ayant tous comme dénominateur commun : la lutte contre l’accaparement des terres des pauvres au profit des riches, une pratique qui a tendance à s’institutionnaliser au Mali. Durant la marche, les marcheurs mecontents infligeaient des propos offensant à l’encontre des maires, des ministres, des avocats, bref de tous ceux qui rentrent dans les maillons de la chaîne de l’accaparement grandissant des terres des pauvres au profit des riches au Mali. « Nous voulons nos terres pour y habiter et quitter la location avec son lot de brimades, à bas les maires qui osent intercepter les lots des pauvres et les rétrocéder aux riches, il faut siffler la fin de cette recréation qui n’a que trop duré au Mali. Nous voulons vivre dans un Mali où pauvres et riches auront le même droit dans la justice, trop c’est trop etc. », scandaient les manifestants en cours de route.
 « L’administration malienne est devenue un syndicat des riches pour juste piétiner les droits des pauvres, cette pratique ne peut plus éterniser. L’un des buts de cette marche était d’informer aussi les autorités sur cette pratique qui déshonore l’administration malienne »

Moussa Samba Diallo                                                     Source: Le republicainmali
Entre N'Djaména et Casablanca, survol de l'immense désert du Sahara.....
..... et quelques minutes plus tard, surprise de trouver la neige sur les monts de l'Atlas Marocain.
Promis: je vais chez le coiffeur !