samedi 15 août 2015

N° 38 DE PASSAGE A MOPTI !

le 15 Août 2015

Bonjour à chacun et chacun.
Me voilà de retour à Mopti…. Mais dans une ambiance particulière !

-         =  Ambiance ecclésiale et personnelle : je pensais revenir pour continuer dans un nouveau mandat de 3 ans. Cela n’est pas possible (pour diverses raisons), et en conséquence mon contrat n’est pas renouvelé. Je suis donc revenu à Mopti pour « faire mes valises », et voir avec les amis, comment continuer de soutenir les projets, tout juste mis en route !
-        =
fabrication de digues (à la saison sèche, en Mai-Juin)

fabrication de digues la semaine dernière)




=  Ambiance sécuritaire « un peu particulière ». Après la signature de l’accord de paix le 20 juin, on aurait espéré un peu plus de calme et de sécurité : il n’en est rien, bien au contraire ! L’article ci-dessous vous décrit l’actualité de la semaine passée.
avant de piquer le riz, il faut arracher les herbes
Après les récentes attaques de Gourma Rharous, Sévaré, Baguinéda, le bout du tunnel s’éloigne de plus en plus.

Le 03 Août aux environs de 05 heures du matin le détachement de la Garde Nationale de Gourma-Rarhous dans la région de Tombouctou a été victime d’une attaque terrorisme avec un bilan de 11 gardes tués. La veille, le président IBK rendait visite aux blessés de guerre dans la ville garnison de Kati. Le communiqué énergique du président de la République au lendemain de l’attaque de Gourma-Rarhous qui disait que « nous vaincrons du terrorisme »a semble t-il doper ces personnes à commettre plus d’atrocités. 
Le 07 Août, la localité de Sévaré située à 15 Kilomètre de Mopti faisait l’objet d’attaque, suivie de prise d’otages à l’hôtel Byblos. De source gouvernementale le résultat est de 12 morts dont des otages, des soldats et des terroristes. Si Sévaré est située à plus de 620 Km au Nord-est de Bamako, l’hydre va sérieusement se rapprocher de la capitale avec l’attaque du camp militaire de Baguinéda ville située à 30 Km de Bamako. 
Le samedi 08 Août, des assaillants non encore identifiés ont fait irruption dans la brigade de gendarmerie de Baguinéda. Si l’on ne déplore aucune perte en vie humaine, des dégâts matériels énormes sont à déplorer cependant.
En quelques jours, les certitudes ont fondu comme du beurre au soleil. Le peuple malien se retrouve à se poser d’interminables questions sur son devenir et son avenir.
Et l’accord dans tout ça ?
Signé le 15 Mai par le gouvernement et parachevé le 20 Juin par la coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), cet accord issu du processus d’Alger cristallisait toutes les attentions et était à …juste titre désigné comme l’unique chemin menant à la paix. Le comité de suivi censé y veiller reste encore en veilleuse du fait des chocs des intérêts divergents des différentes parties. Les mouvements dissidents de la CMA que sont :  CPA-CMPRII qui ont signé le 15 Mai avec l’Etat sont aujourd’hui considérés par le MNLA et alliés comme des  « traîtres » n’ayant pas leur place au sein dudit comité.
C’est bizarrement au moment où ces groupes se disputent la légitimité que surviennent ces attaques. L’on n’est pas sans savoir que l’une des manières prisées par les groupuscules rebelles pour se faire entendre est l’usage des armes, même s’il faut selon le ministre de la communication, Choguel Maïga mettre les attaques sur le dos des groupes terroristes qui les revendiquent. Une chose reste clair, tant que la mise en œuvre de l’accord ne débutera pas avec le cantonnement des différents groupes armés, les auteurs réels ne seront jamais connus avec certitudes.
Les 5 suspects de l’attaque du détachement de Gourma-Rarhous, appréhendés par l’armée, ne seraient pas selon la CMA les auteurs mais plutôt des membres de la CMA qui collaborent étroitement avec l’armée. L’armée s’est –elle trompée ? La CMA dit-elle vrai ? Puisqu’il est question de confiance réciproque pour la bonne marche de l’accord, nul doute que ces suspects seront relâchés bien qu’ils étaient en possession à leur arrestation des armes et des munitions d’une grande quantité. 
Bamako sous la psychose
Après l’attentat de la terrasse et les attaques contre les maisons et véhicules de la MINUSMA Bamako a fini par étaler au grand jour sa grande insécurité. Ce samedi 07 Août au moment où Sévaré était sous les feux, c’est le supermarché Azar libre service sis à Torokorobougou qui a fait l’objet d’attaques par des bandits à mains armée. Après plusieurs heures d’atermoiements de la police qui a occasionné un attroupement montre autour dudit supermarché les policiers sont parvenus à mettre hors d’état de nuire ces bandits. Persécutée au nord à ses abords et même en son sein, Bamako est loin d’être sécurisée.  Cette nouvelle escalade de l’insécurité, rappelle que le chemin menant à la paix reste parsemé d’embûches.
Mohamed DAGNOKO                                                                                       Source: Le Pouce
l'eau commence à rentrer dans les rizières
Et qu’en est-il de la position de la France ? Et que deviennent les Français  dans tout cela ? Voici ce qui s’est passé à Bamako à la mi-juin.

Une grande marche de la société civile qui a mobilisé des milliers de Bamakois, a été le lieu de toutes les expressions de colère à l’endroit de l'ancienne puissance coloniale, la France, et de son président, François Hollande. Après avoir écrit sur les pancartes : ‘’A bas la France’’ ; ‘’Hollande égal MNLA’’, des extrémistes sont allés jusqu’à brûler le drapeau français en témoignage du degré de colère qu’ils nourrissent envers l’hexagone.
Et dire que ce sont les mêmes Maliens qui avaient applaudi des deux mains l’arrivée de cette même France un certain 11 janvier 2013 ! C’est dire qu’entre temps beaucoup d’eau a coulé sous le pont de l’Opération Serval convertie aujourd’hui en Barkhane. La France que les Maliens ont vue venir un certain 11 janvier 2013 à Konna était-elle aussi sincère avec le Mali jusqu’à mériter des Maliens leur plus grande sympathie ?
La France et ses avions rafale étaient-ils aussi sincères avec le Mali jusqu’à procurer au président Hollande ‘’la journée la plus importante de sa vie’’ un certain 2 février 2013 au monument de l’Indépendance à Bamako ? Ironie du sort, c’est au même monument de l’Indépendance que les Maliens sont venus manifester leur colère noire contre son ‘’prétendu sauveur’’.
En tout cas, l’élan de sympathie n’est plus le même entre Français et Maliens. La France applaudie à son arrivée au Mali, est aujourd’hui une France haïe, indésirable puis qu’accusée d’être de connivence avec les vrais ennemis de la paix au Mali, les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Tout çà, à cause de ses intérêts colonialistes. Les Maliens ont fini par retenir aussi la dure leçon d’un dirigeant français : ‘’La France n’a pas d’amis, elle a des intérêts’’.

A. Diakité   
     SourceMalijet
Devant les semis de plants de riz
A part cela, « tout va bien »… les gens continuent à vivre et à travailler…. Faut bien !
Pour ma part, je m’investis pour que le projet créateur d’emplois (avec la JOC de Mopti) puisse réussir et durer. Pour cela, j’ai quelques semaines devant moi, pour mettre en place les personnes et les structures nécessaires
Puis je prendrai le chemin de Bamako, où je pense trouver « un pied à terre » pour répondre à la nouvelle mission qui m’est confiée –pour un an- par la Coordination Internationale des JOC (CI-JOC) dont se secrétariat est à Rome. Je vais donc passer une année en posant mon sac à dos de temps en temps, dans 7-8 pays africains et en Italie. Je vous en dirai plus dans le prochain blog.

Merci de votre compréhension et de votre soutien.
L'orage menace ! Le ciel est noir et le fleuve est jaune !