mardi 9 décembre 2014

N° 32 : RETOUR "DANS LA FRAICHEUR" ! 9 décembre 2014

Bonjour à chacune et chacun, qui (pour la plupart d'entre vous) vivez dans la fraîcheur des pays du Nord!

cherchez l'erreur !

RETOUR DANS LA FRAICHEUR, c'est le titre de cette nouvelle page :

- d'abord en ce jour: une pensée pour Serge LAZAREVIC qui vient d'être libéré, et qui va faire un heureux retour dans la "fraicheur européenne" , mais aussi la chaleur des retrouvailles.

- Fraicheur climatique, je l'ai trouvée en passant par l'Europe entre le 12 et le 25 novembre. Un petit séjour (3 jours) en Vendée; puis 10 à Rome, pour le 7ème congrès mondial sur les migrants (organisé par le conseil pontifical pour les migrations); puis 3 jours à Paris pour défaire et refaire des valises.
Souvenir de mon dernier voyage Mopti-Bamako, après avoir pris un gros "nid de poule".                                                       L'amortisseur, lui, n'a pas résisté!

- Pour ce congrès intéressant sur les migrants, je vous mets un bout de compte-rendu (ci-dessous, en fin de page)
Je retrouve un ami de l’Éthiopie (aumônier JOC) et qui est devenu évêque!


- Fraicheur politique au Mali: les pourparlers de paix qui se déroulaient à Alger, se sont arrêtés sans parvenir à un accord. On est au point mort, et rien de vraiment positif et constructif pour la Paix véritable, ne s'annonce vraiment. Fraicheur !

- Fraicheur sanitaire: l'épidémie Ebola est arrivée au Mali (annoncée officiellement le 11 novembre). Depuis ce jour-là, c'est un peu "la panique à bord" chez certains, surtout à Bamako. On ne se serre plus la main pour se saluer; on se lave les mains (à l'eau chlorée) à chaque entrée de lieu public.... bref, c'est le sujet de conversation journalier. En réalité (à ce jour), il y a eu 5 décès dans tout le pays (1 à Kayes et 4 à Bamako) et il ne reste qu'un seul malade (en traitement) et aucun autre cas suspect n'a été trouvé. Il semble donc que l'épidémie a été rapidement cernée, contrairement à d'autres pays, comme la Guinée, le Libéria ou la Sierra-Léone.

- Fraicheur ecclésiale: du coup, cette épidémie Ebola a provoqué l'annulation de plusieurs rassemblements importants: le pèlerinage national à Kita (fin novembre): annulé ! le cinquantenaire du diocèse de San (7 décembre) : repoussé siné dié! le cinquantenaire du diocèse de Mopti: repoussé et regroupé avec la fête des ordinations...en septembre 2015 ! Cà fera des économies!
Démontage d'une vieille porte, pour faire le fond du bateau JOC

Installation d'un toit pour le panneau solaire
Cà  flotte.....et aux couleurs de la JOC.
- Fraicheur militante des JOCISTES.: Depuis 6 mois, un projet de Riziculture et de jardinage (appelé: JaRiz-JOC) est à l'étude avec une dizaine de jeunes au chômage. Ce projet a été soutenu financièrement par des associations de Vendée. Il est donc réalisable: un terrain de 3 ha a été trouvé et loué: un beau terrain de l'autre côté du fleuve. Pour y accéder, il faut donc un "moyen de transport": les pirogues existent, mais il faut payer à chaque passage! Nous avons eu la chance d'obtenir gratuitement une barque  métallique (de 6 mètres de long) inutilisée . Nous l'avons équipée d'un moteur électrique + batterie + panneau solaire. Elle a été terminée hier soir et mise à l'eau aussitôt. Et ce matin les premiers jocistes ont fait la traversée pour la première journée de travail. Le problème c'est l'investissement des jeunes: Nous avons voulu qu'ils s'investissent  eux-aussi dans le projet, en donnant de leur temps (faute de donner de leur argent). C'est alors que la moitié d'entre eux se sont désistés, préférant rester au chômage ou dans la débrouille ! Cà refroidit ! Fraicheur !
Devant le Vatican, avec Amélie (présidente Ci-JOC)
Devant le Colisée
A table avec Monicah (Kénya) et Amélie (France)
- Fraicheur "des glaces à l'Italienne" : même si le temps n'était pas à la canicule, je n'ai pas résisté trop longtemps en passant devant les marchands de glaces ! Après le dit congrès, je suis resté, en effet, 2 bonnes journées, pour me promener un peu dans cette belle ville, pour rencontrer quelques amis Maliens (en études) et pour travailler un peu avec les responsables de la Coordination Internationale des JOC ( CI-JOC)

ECHOS  DU 7ème CONGRES MONDIAL DES MIGRANTS:

Une femme -pasteur de l'Eglise Anglicane à Hong Kong- en col romain !


Trois cents personnes venant de plus de 100 pays, se sont retrouvées du 17 au 21 novembre à Rome pour un nouveau congrès sur les migrations. Parmi eux, une centaine d’évêques et cardinaux, une centaine de prêtres, et une centaine de laïcs et de religieuses ; tous engagés dans ce que l’église appelle « la pastorale des migrants ». Ce congrès est programmé environ tous les 5-6 ans. Cette année, le thème nous invitait à partager comment le phénomène de la migration permet le développement : développement de celles et ceux qui se déplacent, de leur pays d’origine, et du pays d’accueil. Vaste programme, car les réalités sont bien différentes, entre les pays où la pastorale s’investit surtout dans la liturgie et l’action paroissiale pour regrouper les migrants par groupes linguistiques, et les pays où (comme la France) l’Eglise s’engage aux côtés des associations pour accueillir les primo-arrivants dans les conditions les moins mauvaises possibles, ou encore les pays (comme le Mali ou ceux du sahel) où les migrants ne souhaitent pas s’arrêter, mais rêvent de l’Europe, même s’ils savent bien que les dangers du désert ou de la Méditerranée sont trop réels. Comme le disant le cardinal Végglio  président de ce conseil pontifical, en ouvrant ce congrès :  « La migration, c’est une voie toujours nouvelle pour la solidarité envers nos frères qui sont dans le besoin. »  Et le ministre de l’intérieur Italien, de rajouter : « La méditerrannée, c’est comme un nouveau mur de Berlin qui s’est dressé entre les pays de richesse et les pays de pauvreté, et Lampédusa, c’est comme le chek-point Charlie : là où se concentrent toutes les tentatives, tous les espoirs d’une vie meilleure. En une année, sont arrivés en Sicile, plus de migrants que d’habitants déjà sur place !»
Chaque journée du congrès était ponctuée par quatre temps : 1-un exposé sur « la Dispora et la coopération » , sur « migrants comme partenaires du développement », sur « la dignité du migrant »  2-une table ronde reprenant un aspect du thème (migrer en famille /les femmes dans la migration / les jeunes dans la migration), 3- Un temps en carrefour pour partager nos expériences 4-  des témoignages audio ou vidéo d’une quinzaine de pays. Parmi tous ceux-là, le témoignage de l’évêque de Tanger, a vraiment marqué l’assemblée. En voici quelques extraits : « les Etats ont fermé les chemins de l’Espérance pour les migrants !  Les Eglises n’ont pas le pouvoir de fixer les frontières géographiques, mais elles doivent déplacer les frontières de l’Espérance et de la Justice. Les Eglises doivent pouvoir influencer les décisions prises par nos hommes politiques…. Nous n’allons pas vers le migrant pour nous (pour rajeunir et dynamiser nos communautés chrétiennes, par exemple !) mais pour lui, pour ce qu’il est, et ce qu’il représente comme dignité humaine !... le « Seigneur ,sauve-moi » des psaumes, ou la parole de Dieu en général, n’a pas la même force quand elle est lue dans une cathédrale (où tout le monde l’entend plus ou moins attentivement)  et dans bateau de réfugiés qui cherche sa route. »


A L'audience privée avec le Pape François .


AUTRES REFLEXIONS ENTENDUES durant les carrefours ou temps en A.G. :
-          1 Milliard de migrants sur 7 milliards d’habitants sur la planète : c’est la plus grande migration depuis la seconde guerre mondiale.
-          40% des migrants du Sud vers le Nord, mais aussi 37% de migrants Sud-Sud
-          Notre mission de Chrétien, c’est de lutter contre la Xénophobie qui se généralise, sans raison.
-          La migration, une chance pour « la Pastorale de la Rencontre » comme l’a souligné le pape François.
-          L’Eglise doit aider les états à aller au-delà des lois et des règlements en place, en mettant l’Humain au centre de toute politique.
-          Nous pouvons accueillir vraiment, si nous avons d’abord compris que Dieu nous accueille tels que nous sommes.
-          Entre le pays de départ, et le pays d’accueil, il y a le temps du voyage et de la galère : Qui s’en occupe vraiment ? (appel en direction de pays comme ceux du Sahel)
-          De plus en plus d’enfants mineurs voyagent seuls. Qu’est ce qui pousse les parents à laisser partir ainsi leurs enfants ?
-          A la frontière Mexique/USA, sur les 48 000 mineurs recensés (en une année)  61% des enfants font l’objet de menaces de mort ou de violence de la part de gangs.
-          L’Eglise doit offrir des maisons d’accueil, en opposition aux centres de rétention ! Pour cela, il faut aussi travailler à la conscientisation des chrétiens pour l’accueil des étrangers.
-          Le « combat pour la Paix », doit être une priorité pour arrêter les guerres et les ¾ des migrations.
-          Les Eglises ne doivent pas parler seulement de la prière ou de la Liturgie pour aider les migrants, mais elle doit aussi poser des actes concrets pour leur venir en aide.
-          Le Développement, c’est d’abord un processus qui nous engage totalement, ce n’est pas un plan d’action, avec des objectifs chiffrés
-          Une société ne sera développée que si tous les citoyens –en particulier les plus pauvres- sont intégrés
-          Les risques pour les migrants sont des risques pour le Développement ! et les risques pour le développement, sont des risques pour notre avenir à tous.
-          Les migrants ne sont pas un « objet de débat » mais des « sujets à aimer »
-          L’Eglise doit savoir travailler encore plus en réseau, en acceptant de ne pas être le leader !
-          C’est parfois difficile de travailler avec les Musulmans quand ils se déresponsabilisent en disant « c’est la volonté de Dieu ! on n’y peut rien »
-          Il faut utiliser encore plus les médias, en montrant le visage prophétique de l’Eglise qui doit mettre au centre le visage de l’Homme.
-          Il nous faut faire un changement d’approche, un changement du regard vis-à-vis du migrant qui vit « une grande perte » en quittant son pays, et qui fait vivre « une perte » à son pays.
-          IL faut sensibiliser les institutions pour dire que le Développement ne peut être que global au niveau planétaire, et qu’on ne peut pas parler que pour son pays.
-          Il nous faut travailler AVEC les migrants et non pas POUR les migrants, et développer la « culture de la Rencontre »
-          C’est urgent que TOUTES les instances de l’Eglise soient accueillantes aux migrants.
-          Donner plus d’espace aux jeunes, pour qu’ils développent leurs talents, et écouter leur vision de l’économie et de la politique.

En admiration dans la basilique St Pierre.

UNE INTERVENTION REMARQUEE : celle de Mgr TOSO (responsable du conseil pontifical « Justice et Paix ») :
-          Le phénomène de la migration oblige l’Eglise à une nouvelle lecture Théologique.
-          La Pastorale des migrants doit porter une attention particulière aux enfants et aux femmes, qui sont les membres les plus fragilisés dans la migration.
-          Comment avoir une influence sur la politique des Etats d’Europe et faire changer l’accord de Dublin ? (pas de réponse trouvée !!!)
-          Que fait la commission « Justice et Paix » pour bousculer les instances de l’Eglise ?
ET CELLE DE MGR TOMASI (Nonce auprès des instances de l’ONU) :
-          La dignité humaine fait partie des droits humains fondamentaux. Elle ne dépend du « bon vouloir » d’un état et de ses responsables. !
-          Dans les Etats du Golfe, entre 30 et 75 % (selon les pays) sont des migrants qui ont des contrats très courts et travaillent au mépris de la dignité humaine.
-          Les USA ont déporté (renvoyé) plus de 2 millions de migrants, ces 2 dernières années 
-          L’Union Européenne ne dépense que 1% de son budget pour les politiques migratoires
-          Questions posées au Nonce : Combien d’horreurs faudra-t-il voir encore, pour que les Eglises et l’ONU se mobilisent plus en faveur des migrants ? Le droit d’émigrer existe, mais pourquoi n’y a-t-il pas aussi « le droit d’immigrer ». ? Que faire dans ces Etats du Golfe qui n’ont pas signé la plupart des conventions internationales ?
Différents types de calottes !

-         Ces quatre jours ont aussi été agrémentés de deux sorties réservées aux membres du congrès : une visite des musées du Vatican (en dehors des heures officielles) se terminant par un dîner de gala offert par l’ambassade de chine (Tawaïn) au St Siège !  et une visite au palais du pape où ce dernier nous a reçus pour clôturer le congrès par ses encouragements.
Dans la chapelle Sixtine

En conclusion, certains peuvent se demander pourquoi un Français Fidei-Donum représentait l’Eglise du Mali, et non pas un Malien ! Bonne question. J’espère bien qu’à un prochain congrès, ce sera un Malien. A ma connaissance, aucun Malien n’a participé aux congrès précédents ; malheureusement, la dite « pastorale des migrants » n’est pas le « maillon fort » de la pastorale locale, mais cela peut venir, car la réalité des migrants qui traversent (le plus souvent sans se faire remarquer) est de plus en plus évidente. Et la mise en place de deux maisons du migrants (celle de Gao qui existait depuis 3 ans, fermée en 2012 et qui va rouvrir le 1° janvier prochain ; et celle de Mopti que nous allons inaugurer le 18 janvier) devrait permettre de sensibiliser et mobiliser les chrétiens.
Et pour la petite histoire, je précise que la France était représentée par son délégué national qui est…Italien ; que le Niger était représenté par un prêtre…Espagnol (celui qui ressemble à Jésus sur la photo !) ; que la Belgique était représentée par un prêtre….Congolais ; que le Liban était représenté, par un prêtre…..Français !  Et bien d’autres pays, comme cela sans doute (je pense aux Eglises au Maroc, dans les pays du Golfe)…. C’est cela la mondialisation, ou plutôt l’universalité de l’Eglise ! Quoi qu’il en soit, j’étais heureux d’y être, et d’y retrouver les confrères de la région du Sahel. Maintenant, nous allons rester en contact pour nous soutenir et partager nos expériences au fur et à mesure.


Avec le délégué du Sénégal et celui du Niger

 -  Fraicheur à Mopti : Eh oui, le matin à 7 h il fait froid (environ 15 degrès!) on supporte une petite laine...enfin pendant une heure ! Après le soleil étant là, on oublie l'hiver! Mais les journées sont bonnes pour travailler aux champs (temps des récoltes du riz) ou dans les maisons. Pour notre part, nous avons repris le chantier de la cathédrale ! Mais nous allons sans doute être obligés de nous arrêter, en cours de travaux....faute de  finances !  Fraicheur !



Vue du chantier dans la cathédrale avant de couler une chape!
Recrépissage du mur extérieur
Une chape en couleurs, pour marquer les allées.

 Peinture des chaises


Démontage des vieux bancs

Merci de votre fidélité dans la lecture et la solidarité. et Bonne fin d'année 2014 à toutes et à tous.
Devant le Panthéon de Rome!